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- Brève Biographie -
Né le 8 février 1967, d’origine alsacienne, Christophe Chabouté suit les cours des Beaux-Arts  de Mulhouse, ensuite d’Angoulême et enfin de Strasbourg.
Vents d’Ouest publie ses premières planches en 1993 dans "Les Récits", un album collectif sur Arthur Rimbaud.
Il faut attendre 1998 pour que ce graphiste free-lance se fasse un nom dans la bande dessinée en publiant coup sur coup "Sorcières" aux Editions du Téméraire et "Quelques jours d’été" aux Editions Paquet. Deux albums remarqués et primés, le premier au Festival d’Illzach, le second à Angoulême où il décroche l’Alph’Art Coup de Coeur.

Avec "Zoé" paru en 1999, Chabouté prouve que son talent a atteint sa pleine maturité, ce qu’il démontre avec encore plus d’évidence dans "Pleine Lune".

Paru sur le site de BDParadisio et sur le site des Editions Paquet
Allez leur rendre visite !

Plus de détails dans les interviews


 

- Interviews -

Christophe Chabouté a donné quelques interviews à différents journaux de bandes dessinées.

En voici quelques extraits :

Les débuts

J'ai commencé aux Beaux-Arts de Mulhouse. Je suis parti au bout de trois ans. J'ai fait le concours d'entrée à Angoulême, que j'ai réussi. J'y suis resté deux tiers d'année et je suis parti. Ensuite je suis allé aux Arts Déco de Strasbourg dans l'atelier de Claude Lapointe et je m'y sentais très bien, j'aurais aimé y rester mais j'ai dû arrêter mes études au bout de six mois parce que j'avais besoin d'argent. Je me suis mis à bosser très vite. Je suis devenu graphiste free lance dans la pub.

J'ai fait les premières planches de Sorcières tout seul, sans en parler à quelque éditeur que ce soit. Et j'ai fait mes 48 pages que j'ai envoyées à Laurent Galmot. Puis j'ai eu un coup de fil me disant : "C'est bon, on signe." Voilà mes débuts.

"Sorcières" ça a vraiment été un coup de tête. Je me suis dit : "au moins je vais faire quelque chose". Je suis tombé au bon moment. Le Téméraire se montait, Golem se montait.

Ça a été prépublié dans Golem, mais entre-temps, Golem s'est cassé la gueule et il y a eu deux histoires non publiées. L'album est sorti et ça m'a mis le pied à l'étrier.

J'avais un projet sous le coude sur lequel j'avais travaillé depuis un an déjà, qui faisait 48 pages et que j'ai réduit à 30 pages pour Pierre Paquet. Je lui ai montré le projet, ça lui a plu. On a signe et "Quelques jours d'Eté" est sorti. Quelques jours après, on a signé pour "Zoé" chez Vents d'Ouest.

Quelques jours d'Eté

J'avais le story-board de ce livre dans mes tiroirs depuis deux ans. Il a été définitivement conçu en parallèle avec "Sorcières".

"Quelques jours d'Eté" est un album très personnel, quasiment autobiographique, où je mets vraiment mes tripes dans le bouquin. Je ne l'avais pas fait pour en faire un succès. J'avais juste envie que l'objet existe. Tiré à 2500 exemplaires, je me suis dit: "si j'arrive à toucher dix personnes et si dix personnes me disent : "je l'ai lu et j'ai éprouvé une émotion en le lisant", j'aurais été content de leur faire plaisir."

Ce n'est pas textuellement autobiographique, parce que j'ai pris automatiquement des détours pour raconter ce que j'avais envie de raconter. C'est autobiographique au niveau des émotions, C'est le seul bouquin où je parle vraiment de moi.

J'ai raconté une émotion que j'ai vécue, et j'ai essayé de transmettre mon amour de la pêche à la mouche, comment j'avais appris à pêcher et un petit bout de vie. C'est vraiment quelque chose que j'ai fait dans mon coin, parce que j'avais besoin de le mettre sur papier.

Noir et blanc

"Sorcières" était au départ un album fait pour être publié en noir et blanc. C'est pour ça que je n'ai gardé que deux couleurs, pour garder un peu l'ambiance noir et blanc. Si je ne fais pas de couleur, c'est tout simplement parce que les histoires que j'écris n'en demandent pas. Elles fonctionnent très bien en noir et blanc et l'ambiance est là. On me permet de faire du noir et blanc ce qui n'est pas évident en ce moment. J'ai envie de travailler comme ça, parce que tu n'as pas le droit à l'erreur. En couleur, tu peux éventuellement rattraper des erreurs de dessin. En noir et blanc, si tu es à coté, tu es à coté.

Fantastique

Tous les sujets que j'aborde dans mes bouquins sont des sujets que je connais, donc des sujets de la campagne, là où j'ai vécu. La sorcellerie, c'est un prétexte pour montrer la bêtise et la méchanceté humaine, tout simplement.

Ce que je cherche dans mes histoires, c'est de promener le lecteur entre les notions de fantastique et de quotidien, le poser entre ces deux choses et lui permettre de choisir la direction qu'il va prendre. J'adore déstabiliser le lecteur, l'emmener dans une situation complètement débile et donner ensuite l'explication de cette même scène.  

Plus de 100 pages

Si on me dis " tu as 48 pages pour faire un album", ça va me coincer. On me dit "tu as entre 100 et 150 pages pour faire un album, ouah le bonheur ! Tu peux distiller des ambiances, tu peux raconter ton histoire. Si tu veux étirer une scène sur cinq pages parce que tu veux amener doucement quelque chose, tu peux le faire.

Pour Zoé j'ai mal dormi une semaine avant qu'il sorte en librairie. J'avais la trouille parce que c'était mon premier récit long. Je passais d'un récit de 30 pages et d'un recueil de petites nouvelles à un album de 120 pages, où il fallait que je tienne le lecteur en haleine.

Silences

L'histoire vient servir le dessin et réciproquement. Cette possibilité de jongler entre les deux m'intéresse. C'est sans doute pour cette raison que mes livres comportent de nombreuses pages sans textes. Quand il s'agit d'images narratives successives, les dessin se suffisent à eux-mêmes.

C'est peut-être dans ma manière de raconter aussi : je n'utilise pas beaucoup de texte quand je raconte, donc il me faut des images pour raconter. Je ne mets de texte que si c'est vraiment nécessaire et si je peux raconter sans dialogue, je le fais sans hésiter.

Dans mes albums il y a des atmosphères qui de temps en temps permettent de laisser parler les silences.

Si j'ai bien fait mon travail, le lecteur va se faire ses propres dialogues, justement là où il n'y en a pas. Je pense que la meilleure façon de faire passer une émotion, c'est de ne pas l'écrire, de ne pas la donner, mais de la suggérer. Il faut que chaque lecteur prenne l'émotion à sa manière et qu'il donne sa propre couleur à l'histoire.

Scénario

Je présente en général un synopsis d'une à trois pages. J'écris mon scénario sous forme de story-board. C'est à dire je ne l'écris pas, je le dessine. A partir de là, je le travaille et le retravaille, mais je ne sais pas écrire un scénario au sens littéral du terme.

Raconter, pour moi, c'est raconter en images. Je commence par faire une liste de ce que j'ai envie de dessiner, ça met en général en place un lieu et une atmosphère. Ensuite je me balade toujours avec un petit carnet et un stylo et quand j'ai une idée, je la note. J'ai déjà l'ambiance. J'ai déjà ce que j'ai envie de dessiner. Automatiquement, ces idées vont tourner autour de l'ambiance. En fait j'ai comme un sac dans lequel je mets plein de notes, ensuite je l'étale sur la Golem trame générale, et les petites idées que j'ai eues vont venir s'y greffer. Finalement, en ce qui me concerne, écrire un scénario, c'est aller me balader avec mon chien, c'est partir é la pêche, tout en restant constamment dans une idée d'histoire.

Une fois que la trame est plus ou moins écrite, je vais découper mon histoire. La raconter avec des images. Je vais tourner en rond pendant trois jours en essayant de faire mon film dans ma tête. A partir du moment où le fil est bien en place, je vais le coucher sur papier, scène par scène. Je fais un premier story-board rapide qui va me servir ensuite de base pour mes planches.

Je travaille toujours par séquences ou par scènes. Une scène eut faire deux, quatre, six ou dix pages. Ce sont des morceaux en fait qui vont se coller les uns aux autres.

Si un jour je me retrouve à plat avec l'impression avec l'impression de me répéter, peut-être alors j'aborderai le boulot avec un scénariste. Pour le moment, j'ai des histoires à raconter, et je pense que j'en ai pour un moment.  

Technique

La technique n'est qu'une question de cuisine. Encre de chine, plume pinceau. Le seul truc c'est que je n'arrive pas à crayonner directement sur la planche. Je fais mes petites images à part, que je reproduis sur calque. Juste un filet simple que je recalque sur la planche définitive pour éviter de me faire une tendinite en gommant. Mon crayonné c'est un fil, c'est un trait. Il n'y a pas d'ombre ni de hachures. Et après je m'éclate à l'encrage. Là les images commencent vraiment à vivre.

Je travaille en plusieurs étapes. En fait quand je crée un album, je crayonne toutes les pages. Ensuite je prends les pages et je les encre. Crayonner, ton histoire va se mettre en place, tu peux la lire. A l'encrage, tu vas donner l'atmosphère de l'histoire.

Influences

Au niveau influences j'irais plutôt vers la photo, la musique, le cinéma, ou la littérature. J'irais plutôt vers Fellini, Freaks, ou Claude Seignole. Ce sont des domaines où je vais tirer mon inspiration. Je dois avoir une cinquantaine d'albums de BD chez moi, dont trente que je n'ai pas lu encore parce que ça m'emmerde, parce que j'en fais toute la journée et que je n'ai pas envie de me plonger dans un album de BD le soir. Mais je ne me met pas d'œillères : je sais à peut près ce qui sort, je sais ce que les copains font parce qu'ils m'envoient leurs bouquins, et quand un album sort je suis peut-être le premier à courir pour le chercher mais peut-être pas forcément le premier à le lire.

Je préfère lire un roman, ça va m'amener beaucoup plus d'images qu'un album BD.

Breccia est un Monsieur qui n'a jamais fait dans la facilité. C'est un type qui s'est fait torturer, et son scénariste s'est fait flinguer ! Nous, on a la chance de faire notre boulot, de faire nos pages, de les livrer, l'album est publié. On a de la presse, on parle de nous, c'est génial ! Breccia a failli se faire buter parce qu'il faisait de la BD ! Et il a continué, il s'est accroché, il a fait ses trucs. ET il a toujours pris un peu le contre-pied : quand il avait fini un album, si son scénariste lui écrivait un scénario exprès pour lui, ben il le virait et partait sur autre chose. Quand il avait acquis un style, il repartait sur totalement autre chose pour découvrir de nouveaux horizons.

J'aime beaucoup ce que font Baru, Tardi, Muñoz, Prado, ou ce que faisait Battaglia. Il y a plein d'albums superbes qui sortent. De Crécy, Baudoin… Il y a tant de gens bien…

Christophe Chabouté se consacre aujourd'hui à sa planche à dessin, dans un environnement rénové. La Charente-Maritime ? Une destination de hasard, devenue coup de coeur. La maison de Saint-Trojan se libérait, il a saisi l'occasion de quitter sa « Sibérie » avec sa compagne et sa petite fille de trois ans. Un choix de vie pour un auteur désormais reconnu qui refuse plus que jamais la dictature de la capitale.
 

(Ce texte est composé d'extraits d'entretiens accordés notamment à Sapristi, à Canal BD, au Journal Sud-Ouest)

   

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